240 Rue de Cumene, 54230 Neuves-Maisons

Etudes Blaireau

En 2020
Thème 1 : Connaissances sur l’éthologie du blaireau : Les synthèses des données européennes

Le blaireau européen (Meles meles L.) est une espèce largement répandue en Europe dont la connaissance et le suivi des populations sont toujours délicats en raison de la difficulté des captures, des déplacements parfois importants, des cycles d’activités, etc. Les blaireaux ont été beaucoup étudiés à partir de la moitié du XXième siècle notamment par les anglais pour lesquels cet animal a un statut particulier. Outre la problématique de la tuberculose bovine et du rôle supposé du blaireau dans cette dernière, l’éthologie du blaireau continue d’être étudiée par de nombreux chercheurs à travers l’Europe. Depuis une vingtaine d’années, quelques synthèses ont été publiées dans la littérature scientifique concernant notamment la densité des terriers en Europe, l’évolution des populations en Angleterre, au Pays-Bas ou encore en Irlande, les domaines vitaux et les densités des populations. Ces travaux sont parfois anciens et, actuellement, il n’existe pas de synthèse récente et en français sur les données européennes concernant l’éthologie du blaireau d’Eurasie.
À partir de l’analyse d’environ 400 références (des années 1930 à nos jours), les deux articles scientifiques publiés récemment dans la Revue Forestière Française présentent les connaissances actuelles sur le choix de l’habitat, la structure des terriers et leur densité spatiale à l’échelle européenne (Article 1) ainsi que les groupes familiaux, les dynamiques des populations et les domaines vitaux (Article 2).

Article 1
Lebourgeois François. Le blaireau européen (Meles meles L.). Synthèse des connaissances européennes. Partie 1: choix de l’habitat, structure et densité spatiale des terriers. Revue Forestière Française, 2020, 72 (1), pp.11-32.

Le blaireau européen (Meles meles L.) est largement répandu en Europe et en France. C’est un animal social vivant généralement en groupe ou clan familial dans des terriers. Bien que le blaireau puisse s’installer en zone urbanisée, les mosaïques à base de chênes avec des zones ouvertes (prairies, haies, pâtures extensives) sont les biotopes largement privilégiés. Dans ces contextes, les terriers sont creusés préférentiellement dans les sols meubles en zones moyennement pentues à proximité des lisières mais loin des infrastructures humaines. La surface d’un terrier varie de quelques m² (< 100 m²) à plusieurs centaines (> 500 m²). Globalement, le nombre d’entrées, la longueur cumulée des tunnels et le nombre de chambres augmentent avec la surface. Pour les petits terriers (< 100 m² ; dits « secondaires »), le nombre d’entrées est généralement inférieur à 10 (souvent 4 à 6), le nombre de chambres entre 0 et 3 et la longueur cumulée des tunnels inférieure à 70 m. Pour les grands terriers (au moins 200 à 300 m² ; dits « principaux »), les entrées sont de l’ordre de 10 à 15, le nombre de chambres souvent supérieur à 10 et la longueur cumulée des tunnels de plus de 100 mètres. En Europe, la densité moyenne des terriers est de 1,1 ± 1,9 par km². Les densités les plus fortes sont observées en Europe de l’Ouest (Irlande, Royaume-Uni, France, Espagne…) avec des valeurs moyennes entre 1,4 et 2,2 terriers par km². Un déplacement vers l’Est (Europe centrale et de l’Est) se traduit par des densités 10 fois plus faibles souvent de moins d’un terrier par 10 km².

Article 2

Lebourgeois François. Le blaireau européen (Meles meles L.). Synthèse des connaissances européennes. Partie 2: groupes familiaux, dynamiques des populations et domaines vitaux. Revue Forestière Française, 2020, 72 (2), pp.99-118.

Cet article présente une synthèse des connaissances européennes sur les groupes familiaux, la dynamique des populations et les domaines vitaux. Le cycle de reproduction des blairelles est complexe avec un processus d’implantation différée des ovocytes. Le pic majeur de reproduction a lieu en hiver (janvier-février) après la mise bas des jeunes issus des accouplements précédents. Seulement environ 30 % des femelles se reproduisent tous les ans (femelles dominantes en bonne santé). Le nombre de blaireautins dans une portée varie en moyenne de 1 à 3 mais la mortalité avant un an est forte souvent autour de 50 %. En Europe, la densité moyenne des blaireaux est de 1,8 ± 2,3 individus (adultes et jeunes) au km2 (4,7 en considérant les fortes densités anglaises). Cependant, des densités nettement plus faibles de l’ordre de 1 blaireau par 10 km2 sont souvent observées en Europe de l’Est. La taille des groupes familiaux est de 3,8 ± 1,2 individus (avec 2,6 ± 1 adultes) avec des variations assez faibles entre les pays (4,6 ± 2,1 individus avec les données anglaises). Le domaine vital varie fortement selon le sexe et la saison. Il est plus grand pour les mâles. Il est minimal en hiver pour les deux sexes mais plus grand en été pour les femelles. Il varie également très fortement selon la densité des animaux au km2. Ainsi, les domaines vitaux les plus grands (> 500 ha) sont observés dans les zones de plus faibles densités d’animaux (1 à 2 individus aux 10 km2) sous climat contraignant et dans les contextes de moindres ressources alimentaires (Europe de l’Est et contexte méditerranéen). Dans les zones plus favorables en contexte océanique tempéré, le domaine vital est nettement plus petit (< 100 ha) avec des densités d’animaux souvent supérieurs à 2 ou 3 individus au km2.

Thème 2 : Protocole de description des terriers de blaireaux

Lebourgeois François. Le blaireau Européen (Meles meles L.). Protocole de description des terriers pour l’étude de l’habitat et des populations. 
La description des terriers permet de caractériser non seulement l’habitat des animaux mais constitue également un indicateur indirect de la population et de sa dynamique. Le protocole des données a été mis en place ces dernières années dans le cadre d’études menées dans le Grand Est par le Groupe d’Études des Mammifères en Lorraine. Le protocole permet de décrire le terrier dans ses différentes composantes (taille, nombre de gueules, activité…) mais également l’environnement stationnel dans lequel il est installé (altitude, pente, exposition, nature du sol…). Les forêts étant des zones très privilégiées d’installation des terriers, un protocole d’analyse du peuplement a été mis en place depuis 2019. Ce protocole s’appuie sur les mesures classiques faites par les forestiers quant à la description du peuplement dans ses différents composantes : composition en espèces arborées, structure (régulier, irrégulier, répartition des diamètres des arbres) et capital (nombre de m² de bois à l’hectare appréhendé par la surface terrière G).
L’objectif de ce protocole est d’alimenter une base de données globale et d’établir des fiches terriers qui permettront de garder une trace des observations effectuées et, à plus long terme, de mettre en évidence des éventuelles évolutions des terriers au cours du temps (changement de dimension, de statut…). La base de données a été créée sous Excel (PC, version 2016) et des procédures automatiques de création et d’impression (en pdf) des fiches ont été élaborées à partir des données rentrées dans la base. Ces procédures permettent d’homogénéiser les fiches et de limiter les erreurs. La création d’une fiche prend une seconde à deux secondes (selon la puissance de l’ordinateur).

Thème 3 : Suivi à long terme des activités d’un groupe familial en forêt feuillue de Plaine Lorraine

Lebourgeois François. Long-term monitoring of activities of badgers (Meles meles L.) in a broadleaved forest in France. European Journal of Wildlife Research, Vol. 67, n°8, 2021, pp.1-8

Depuis 2013, un suivi continu par caméra vidéo (environ 30 000 séquences de 60 secondes) d’un terrier principal (400 m² et 17 gueules) situé en forêt feuillue de Plaine Lorraine est effectué pour mieux appréhender les différents comportements des blaireaux et l’évolution de ces comportements entre les saisons. Depuis 2013, le terrier est occupé par 2,8 (± 1,2) blaireaux avec la naissance de 2 à 4 jeunes par an ; les jeunes sortant pour la première fois du terrier vers la mi-avril. Les animaux se toilettent régulièrement à la sortie du terrier avec une durée moyenne de 10 minutes (toilettage plus fréquent en avril après la naissance des jeunes). La récolte de la litière est une activité importante en octobre et novembre et en février et mars durant les nuits secs (durée moyenne de ramassage d’environ 20 minutes). En février et mars, cette récolte a eu lieu seulement pour les années avec des naissances suggérant un rôle important de la litière sèche dans le maintien de la bonne température dans les chambres pour les blaireautins. Le creusement important du terrier a été observé seulement en hiver 2015 et printemps 2016 principalement au crépuscule (durée moyenne de creusement : 23 minutes ; de 2 à 90 minutes). L’accouplement (de la femelle dominante) a été observé en janvier et février avec des copulations courtes (moins de 10 minutes) ou longues (supérieures à 60 minutes et jusqu’à 90 minutes). La sortie du terrier est observée le plus souvent entre 19h et 21h selon les saisons et le retour entre 5h et 7h du matin. Pour le printemps et l’été, les blaireaux sortent généralement 30 à 60 minutes avant le coucher du soleil mais plus de 2heures après en automne et en hiver. Le retour a lieu généralement avant le lever du jour (1 heure au printemps et en été et plus de deux heures pour les autres saisons). En automne et en hiver, les jours chauds (> 10°C) favorisent les sorties précoces mais les nuits froides (< 0°C) se traduisent par une rentrée plus précoce.

Publications relatives aux études sur le blaireau au sein du GEML


LEBECEL Y., GEML. – Le blaireau d’eurasie Meles Meles en Lorraine, taille des groupes, succès reproductif et estimation de densités. – Ciconia, vol. 34, n° 1, 2010, pp. 25-38.

LEBOURGEOIS F. – Bilan de six ans de suivi en continu d’un terrier de blai-reau en Lorraine. – Bulletin annuel du GEML, vol. 2019, n° 1, 2019, 1 page.

LEBOURGEOIS F. – Le blaireau Européen (Meles meles L.). Synthèse des don-nées européennes. Partie 1 : choix de l’habitat, structure et densité spatiale des terriers. – Revue Forestière Française, vol. 72, n° 1, 2020a, pp. 11-32 (article disponible gratuitement sur les archives ouvertes Hal-AgroParisTech https://hal.archives-ouvertes.fr/REVUE-FORESTIERE-FRANCAISE)

LEBOURGEOIS F. – Le blaireau européen (Meles meles L.). Synthèse des don-nées européennes concernant la sélection des habitats, la densité des terriers et des populations, les territoires vitaux, le régime alimentaire et les cycles d’activités. – Rapport Scientifique, AgroParisTech -GEML, 2020b, 118 pages.

LEBOURGEOIS F. – Le blaireau Européen (Meles meles L.). Synthèse des don-nées européennes. Partie 2 : groupes familiaux, dynamiques des popula-tions et domaines vitaux. – Revue Forestière Française, vol. 72, n° 2, 2020c, pp. 99-118 (article disponible gratuitement sur les archives ou-vertes Hal-AgroParisTech https://hal.archives-ouvertes.fr/REVUE-FORESTIERE-FRANCAISE)

LEBOURGEOIS F. – Le blaireau en Europe : état des connaissances. – Bulletin annuel du GEML, vol. 1, n° 1, 2020d, pp. 22-24.

LEBOURGEOIS F. – Déterminisme environnemental du rythme circadien d’un clan familial de blaireaux en Lorraine. – Bulletin annuel du GEML, vol. 1, n° 1, 2020e, pp. 16-19.

LEBOURGEOIS F. – Long-term monitoring of activities of badgers (Meles meles L.) in a broadleaved forest in France. – European Journal of Wild-life Research (accepted, 2020f).

LEBOURGEOIS F., ABLITZER D., JONVAUX P., RAYNAUD J.-C. – Étude de la dynamique des populations des blaireaux dans un massif forestier dans la plaine Lorraine. – Bulletin annuel du GEML, vol. 1, n° 1, 2019, pp. 25-26.

LEBOURGEOIS F., RIETSCH A., ABLITZER D., JONVAUX P., FELTEN M., RAY-NAUD J.-C. – Cartographie des clans familiaux de blaireaux dans un mas-sif forestier de la plaine Lorraine. – Bulletin annuel du GEML, vol. 1, n° 1, 2020, pp. 20-21.

NIBART C. – Étude de l’habitat forestier du blaireau européen (Meles meles L.) en Région Grand est (Forêt domaniale de Bezange). – Rapport de stage 2A, AgroParistech, Gestion des milieux naturels, 2020, pp. 1-50.

RIETSCH A. – Déterminisme de l’habitat du blaireau (Meles meles L.) en forêt de Bezange-la-Grande (Grand-Est). – Rapport de stage 2A, AgroPa-ristech, Gestion des milieux naturels, 2019, pp. 1-59.

THOMMES F. – Typologie des principaux terriers de blaireaux du massif fo-restier de Haye. – Bulletin annuel du GEML, vol. 1, n° 1, 2018, pp. 10-17.

THOMMES F. – Terriers de blaireaux dans le massif forestier de Haye : compte rendu d’activités/résultats 2018. – Bulletin annuel du GEML, vol. 1, n° 1, 2019, pp. 19-22.

THOMMES F., WAGNER S. – Terriers du blaireau d’Eurasie en forêt de Haye. – Bulletin annuel du GEML, vol. 1, n° 1, 2017, pp. 16-19.